Objectifs de la recherche
En janvier 2018 Le Monde publiait un article : « les petites villes servent-elles encore à quelque chose ? ». La question mérite que l’on s’y arrête puisque la majorité d’entre elles ont peu de visibilité économique sur le plan national et sont coûteuses pour l’Etat en services publics. Pourtant, plus d’un français sur 10 habite une commune de moins de 10 000 habitants et 1 sur 3 une commune de moins de 3 500 habitants (INSEE, 2014, la Banque Postale, 2018). Les petites villes représentent encore la majorité des villes et constituent des relais indispensables dans des campagnes au peuplement diffus et peu dense (Estèbe 2018).
Les petites villes, jadis prospères grâce à la révolution industrielle (Julliard, 1961 ; Dupeux, 1981 ; Saint-Juien, 1982), se retrouvent aujourd’hui fragilisées. La désindustrialisation puis le premier choc pétrolier au début des années 1970 ont précipité une recomposition territoriale dans laquelle leur place n’est plus acquise. Faute d’emploi et face à des mobilités résidentielles et quotidiennes croissantes, les petites villes font face à des difficultés multiples principalement localisées dans leurs cœurs de ville. Le commerce de proximité est en rapide dévitalisation, le marché immobilier est détendu (en cause, des taux de vacance bien supérieurs aux moyennes nationales et régionales) et les espaces publics sont à l’abandon. Les centres historiques perdent ainsi leur dynamisme et accueillent de plus en plus de ménages pauvres.
L’objectif de cette recherche réside dans l’analyse des mécanismes qui sous-tendent la dévitalisation des petites villes afin de comprendre de quelle manière elles peuvent s’affirmer à nouveau dans les campagnes.
Le Bas-Languedoc, un terrain d’observations
Le Bas-Languedoc (départements de l’Hérault et du Gard) repose sur une armature territoriale encore largement soutenue par des petites villes (165 unités, 24% de l’ensemble). Dans les arrière-pays, ces petites villes sont structurantes mais en déclin (17 villes sur 33 sont fragilisées au regard d’indicateurs économiques, démographiques et sociaux). Sur les littoraux, elles subissent les limites des modèles de développement résidentiels et touristiques (à l’image de Palavas-les-Flots, Le-Grau-du-Roi, Vias).
Malgré des situations différentes, toutes doivent composer avec la proximité de l’aire métropolitaine (dont les villes-centres sont Montpellier, Nîmes, Béziers). Bien qu’elles soient autonomes pour leur bassin de vie (en témoigne des taux de concentration de l’emploi élevé), elles restent sous l’influence d’une métropole qui attire vers elle les emplois et les richesses (CGET, 2017).
Les petites villes des arrière-pays, et plus spécifiquement du bassin alésien, se distinguent par leur héritage industriel varié (industrie textile, mines…). Cet héritage conditionne leur développement : il pèse encore sur l’imaginaire collectif et explique des taux de chômage et de pauvreté élevés. Depuis quelques années, Alès Agglomération mène des réflexions sur la consolidation de son armature territoriale et le rôle des petites villes dans cet ensemble.
L’analyse de ce terrain d’étude permet de mettre en évidence des leviers de dynamisation, les blocages rencontrés par les élus locaux et des mécanismes de coopérations à consolider.